Accessibilité des modules elearning : l’expérience de Thales Université

3 commentaires

Publié le 3 mars 2014 par Équipe Atalan


Depuis quelques années, Atalan accompagne Thales Université pour la prise en compte de l’accessibilité de modules elearning. Nous vous proposons de revenir sur cette expérience à travers l’interview d’Isabelle Dubois-Mejia, Directeur Digital Learning à Thales Université.

Interview

Vous avez travaillé avec Atalan sur l’accessibilité d’un module elearning destiné aux collaborateurs de Thales. En quoi a consisté ce projet e-learning ?

Ce projet e-learning a consisté à développer un parcours de sensibilisation au handicap disponible en 3 langues (français, anglais, polonais) visant à modifier le regard porté sur le handicap, grâce à une meilleure compréhension des mécanismes des stéréotypes.

Outre des propositions de bonnes pratiques pour réussir l’accueil et l’inclusion de personnes en situation de handicap, il présente le dispositif d’accompagnement des collaborateurs et étudiants en situation de handicap mis en place chez Thales et les universités partenaires.

Concernant spécifiquement l’accessibilité, comment avez-vous procédé ?

L’accessibilité a été prise en compte dans la gestion du projet. Nous avons intégré des recommandations d’accessibilité dès les phases de conception puis lors des développements. Atalan nous a accompagnés pour le suivi et la validation de l’accessibilité sur le module. Par ailleurs, une personne non-voyante, membre du comité de pilotage, a validé toutes les étapes du projet. Une collaboratrice malentendante a également relu le projet.

Avez-vous rencontré des freins dans la conception et la production de ce parcours e-learning ?

La prise en compte de l’accessibilité est très simple en phase de conception. Il faut juste prêter attention à plusieurs bonnes pratiques, souvent de l’ordre du bon sens (contraste des couleurs, identification visuelle des liens, etc.).

Les principaux freins ont été rencontrés sur des éléments techniques pour adapter l’outil permettant de construire le module e-learning, le socle technique n’étant pas très accessible. Comme par exemple la gestion de la navigation au clavier dans l’interface, la structure des informations pour la vocalisation des contenus, etc.

Il est donc essentiel de sélectionner des outils techniques mieux prédisposés et tenant compte de l’accessibilité. Ces adaptations de base, simples en apparence, se sont alors révélées plus complexes que prévu car elles ont nécessité une reprise manuelle du code HTML.

Par exemple, il a fallu ajouter directement dans le code des alternatives aux boutons et aux images, modifier l’ordre de navigation au clavier sur chaque écran, etc. La prise en compte de l’accessibilité a posteriori est réellement complexe et coûteuse.

Cette expérience nous a cependant permis de monter en compétence sur le sujet. Depuis, nous utilisons des technologies différentes, qui ont été conçues pour prendre en compte directement une grande partie de l’accessibilité lors de la génération des écrans.

Les outils d’édition évoluent en effet dans le bon sens pour intégrer de façon native la plupart des règles d’accessibilité. Avec le bon outil, la prise en compte de l’accessibilité est beaucoup plus simple et naturelle.

La prise en compte des salariés handicapés dans la conception et le déploiement de ce projet e-learning a-t-elle entraîné un coût supplémentaire ?

La prise en compte de l’accessibilité sur le premier projet a en effet entraîné un surcoût dû au temps de montée en compétence et au temps passé à corriger les interfaces non accessibles générées par notre précédent outil.

Cependant la maturité des nouveaux outils d’édition que nous utilisons désormais et l’expérience acquise des architectes pédagogiques et des développeurs permettent désormais de maîtriser cela : le surcoût est devenu faible.

Quels sont les enseignements que vous tirez de cette expérimentation ?

Ces expérimentations ont permis de démontrer que la mise en accessibilité de modules e-learning n’implique pas que leur qualité pédagogique, graphique ou technique soit dégradée. La centaine d’apprenants qui ont suivi le parcours à ce jour n’ont pas vu de différence. En effet, les exigences de l’accessibilité ne font que renforcer l’état de l’art de la conception et réalisation de modules e-learning.

En outre, l’application du principe de « conception universelle » – qui caractérise les compensations à mettre en place pour combler le déficit lié au handicap – permet à tous les collaborateurs, en situation de handicap ou non, de bénéficier des mêmes ressources de formation pour leur développement personnel et professionnel.

La généralisation va donc de soi, mais encore faut-il que la démarche soit bien anticipée dès le début du projet.

Les partenaires du projet

Les partenaires du projet, et ses prescripteurs, ont été les Missions Insertion de Thales, de l’Université Pierre et Marie Curie (UPMC) et de l’Université Jagiellonian de Cracovie, toutes trois liées par un accord de coopération. La conception pédagogique et la gestion de projet ont été confiées à Thales Université qui s’est adjoint les compétences de prestataires tels qu’Atalan, spécialisé dans l’accessibilité numérique, et UNI Learning pour la réalisation des modules. Enfin, des managers et des personnes en situation de handicap divers ont apporté leurs témoignages.

Vos commentaires

  • Par LELANDAIS Emmanuelle, le 11 décembre 2018 à 11:48.

    Bonjour,

    Je suis chargée de projet e-learning pour la DSII rectorat de Rennes. Vous évoquez dans cet article de nouveaux outils d’édition e-learning qui intègrent davantage les problématiques d’accessibilité numérique. Pourriez-vous me préciser quels sont ces outils. En effet, les solutions de développement e-learning les plus connues sur le marché sont fermées (reprise de code souvent laborieuse voire impossible).
    Je vous remercie pour votre éclairage.

    Bien cordialement,
    Emmanuelle Lelandais.

    Répondre

    • Par Sébastien Delorme, le 14 décembre 2018 à 12:40.

      Bonjour,

      L’article date de plusieurs années (2014). À ce moment, nous voyions apparaître (et espérions) une prise en compte de l’accessibilité chez les éditeurs.
      Mais je dois avouer que depuis, les choses n’ont pas tellement bougées.

      La plupart des outils d’édition de elearning prennent progressivement en compte l’accessibilité, oui, mais c’est loin d’être suffisant.
      Celui que nous rencontrons le plus souvent et qui nous paraît être le plus complet est Articulate Storyline. Il est possible de prendre en compte des éléments essentiels comme l’ordre de navigation au clavier, les alternatives pour les lecteurs d’écran (synthèse vocale/plage braille) : Storyline 360 : comment concevoir un module accessible. Mais on est très vite limité et on doit opter pour des compromis (notamment car comme vous le dites la reprise de code [est] souvent laborieuse voire impossible).
      Il est possible de faire des modules elearning utilisables par tous avec Storyline, mais ils ne seront peut-être pas toujours « simplement » utilisable par tous (et loin d’être conformes aux normes).

      Nous prévoyons de créer en 2019 une formation « Produire des elearnings plus accessibles avec Storyline ».

      Là où nous croisons les modules les plus accessibles c’est lorsque que les ceux-ci sont créés sans l’aide d’outils auteurs, ou alors, avec des frameworks plus souples techniquement.
      Plus récemment par exemple, nous publié ce retour d’expérience : Accessibilité du e-learning « Le handicap au travail » de Generali. Nous avons également produit un elearning « L’accessibilité numérique à toutes les étapes d’un projet ». Ces deux projets s’appuient sur Flexo le framework d’une petite structure : Cyweb.

      Bien à vous,

      Répondre

  • Par Sébastien Delorme, le 16 février 2017 à 15:20.

    Vous pouvez également prendre connaissance du retour d’expérience publié en février 2017 : Accessibilité du e-learning « Le handicap au travail » de Generali.

    Répondre

Répondre à Sébastien Delorme

Tous les champs sont obligatoires.

Haut de page